Vincent : tout l'esprit Tim Burton dans son premier court-métrage

   Vincent est le tout premier court-métrage de Tim Burton, réalisé en 1982 avec l'aide de Rick Heinrichs (depuis, directeur artistique de Beetlejuice et L'Etrange Noel de Mr Jack, et chef décorateur sur Edward aux mains d'argent, Pirates des Caraibes et Wolfman) à l'époque où ils travaillaient tous deux chez Disney.

   On y retrouve toute l'affection du jeune Tim Burton pour le cinéma expressionniste allemand, les contes modernes pour enfants, les films d'horreur et de monstres de seconde zone, Edgar Allan Poe, et Vincent Price. Toutes ces sources d'inspiration qu'on retrouvera dans L'Etrange noel de Mr Jack, Edward aux Mains d'argent, Ed Wood, Les Noces funèbres, Sleepy Hollow, et l'ensemble de sa filmographie.

  J'en profite pour voux conseiller de lire cet excellent livre sorti en France en 2009, Tim Burton Entretiens avec Mark Salisbury aux Editions Sonatine, dans lequel ils reviennent sur toute sa carrière, de son enfance dans la petite ville de Burbanks à Sweeney Todd (le livre a été réalisé avant Alice au pays des Merveilles).

Beaucoup de choses y sont dites, sur les choix d'acteurs et de décors de Tim Burton, les difficultés auxquelles il a été confronté tout au long de sa carrière, les films et périodes de sa vie qui l'ont inspiré, la façon dont il a pensé ses personnages et son histoire, et y publie une partie des esquisses réalisées.

  De Vincent, ils parlent ensemble de la scène de fin, considérée comme pessimiste par "les gens de chez Disney" et le refus de Burton d'y insérer un "Happy end", du personnage dont les sentiments sont proches de ceux de Tim enfant sans pour autant en être une copie volontaire, de la naissance de l'amitié du réalisateur avec Vincent Price, des deux semaines d'exploitation en salle dont le film a bénéficié avant d'être consigné dans un carton.

Extraits de la partie "Vincent" de ce livre formidable,

"A l'origine j'avais écrit Vincent avec l'idée d'en faire un livre pour enfants, et c'était vraiment sous cette forme-là que je voulais qu'il existe en premier. Puis on m'a offert l'opportunité d'en faire un film d'animation en image par image. [...]je sentais que le poids que ce type d'animation allait conférer à ces figurines en trois dimensions était nécessaire pour rendre cette histoire plus vraie. C'était très important à mes yeux."

 "Le film va et vient au sein de la réalité propre au personnage. Il s'identifie et il croit qu'il est Vincent Price, et tu vois le monde à travers ses yeux."

"Aucun des plans de Vincent n'entretient de connexions directes avec des films en particulier. Aucun plan ne s'inspire, à proprement parler, des films tirés de Poe. Si inspiration il y a, elle n'est pas liée à des séquences précises, mais à l'amour que je portais à ces films au moment où je franchissais des étapes de l'enfance ou de l'adolescence."

"Je pense que Vincent a surtout été inspiré par les écrits du Dr Seuss. [...] J'ai grandi en appréciant immodérément le Dr Seuss. Ses livres étaient parfaits : un nombre de mots justement dosé, un rythme idéal, de formidables histoires subversives. C'était le plus grand, assurément."

 Et le court-métrage en question, dont la narration est assurée par Vincent Price :