I Love You Phillip Morris : Jim Carrey est Steven Russell

Publié le par cinemavue.over-blog

  Samedi soir, pas envie de sortir, rien de bien à la télé (je veux bien vous croire, la mienne est devenue un presse-papier quand je me suis rendu compte que le passage au numérique n'était pas synonyme de meilleurs programmes), quel ancien film regarder ?

Et bien moi, je vous conseille I Love You Phillip Morris. Si vous ne l'avez pas en dvd (ce sont des choses qui arrivent), je vous fais confiance pour trouver un moyen de le voir.

http://www.kinomax.fr/images/Arnaud/Arnaud2010/N-R/PosterPhillipMorris.jpgCe film, basé sur l'histoire vraie de Steven Jay Russel, suit le personnage joué par Jim Carrey, bon flic, bon mari, bon catholique, et vrai menteur. A la suite d'un accident de voiture, il va décider de vivre sa vie comme il le veut, c'est à dire en étant gay et en achetant tout ce qu'il souhaite. D'arnaques en arnaques, il va vivre selon son idéal un certain temps, avant d'être arreté par les forces de l'ordre. En prison, il fait la connaissance de Phillip Morris (Ewan McGregor), dont il va immédiatement tomber amoureux. Communiquant d'abord par lettres, il vont se retrouver dans la meme cellule, puis être à nouveau séparés, pour finalement s'évader tous les deux. S'en suivront arnaques, détournements de fonds, retour à la case prison, puis évasion, cavale, arnaque, retour à la case prison, évasion, etc. Le tout sous la responsabilité de Steven sans que Phillip se doute de quoi que ce soit.

 

    L'une des raisons pour lesquelles j'aime beaucoup Jim Carrey, hormis le fait qu'il est à mon sens l'un des rares acteurs drôles, est la régularité qu'il suit dans sa carrière. Chacun des rôles qu'il a tenus jusqu'à maintenant est tellement similaire aux autres qu'on pourrait alors se demander, combien de personnages a t-il incarné ? Un. Deux, peut-être trois. Jim Carrey joue t-il vraiment, d'ailleurs ? Il est en tout cas toujours pareil à ce qu'on pourait considérer comme lui-même. Sans cesse, il joue l'éternel rôle de l'Americain moyen vivant selon les regles de la société et aspirant à une vie meilleure. Eternel, car ce personnage est monsieur tout-le-monde, l'Homme au sens le plus large du terme, le non-héros par excellence. Peut-être est-ce cette quête du personnage de l'Homme qui l'a poussé à jouer dans des comédies au scénario douteux, dans des films qui sortent parfois de la médiocrité uniquement grâce à son formidable jeu d'acteur, mais il faudrait en tout cas le saluer pour cette constance dans sa carrière, et son respect toujours formel de l'objectif qu'il semble s'etre fixé : jouer l'Homme se retrouvant du jour au lendemain hors des sentiers battus.

 

Dans The Mask il est Stanley Ipkis, l'Homme qui va découvrir un masque le faisant vivre selon ses envies les plus folles. On retrouve d'ailleurs tout le côté déjanté de son personnage dans Ace Ventura (sorti la même année), comme si ce ''détective'' spécialisé dans les animaux n'était qu'une sorte de résultante, une conséquence de l'influence du ''Mask'' sur l'Homme avec un grand H (Ace Ventura est, de toute façon, un film à part, ne serait-ce que parce que c'est le seul auquel il donnera une suite officielle)

Dans Menteur, Menteur il est Fletcher Reede, l'Homme qui doit apprendre à vivre, non plus selon ses envies, mais selon l'idéal de Vérité. Il est l'Homme qui prends conscience des limites des lois instaurées par la société et de la difficulté d'etre sincère.

Dans Le Truman Show il est Truman Burbanks, l'Homme qui se rends compte que son monde, celui dans lequel il vivait et pour lequel il travaillait a toujours été faux. Il va alors essayer de s'echapper de cet endroit où il est le seul à être ''vrai''.

Dans Fous d'Irène il est Charlie Baileygates, l'Homme qui pète un plomb à se comporter sans cesse selon l'Ideal exigé par la Société et se retrouve forcé d'apprendre à vivre avec ses pulsions. Il prolonge içi le thème qu'il avait lancé dans The Mask, en l'enrichissant encore.

Dans Bruce tout-puissant il est Bruce Nolan, l'Homme qui va prendre conscience de l'impossibilité de tout contrôler et du cractère utopique de l'existence d'une société meilleure.

Dans Eternal Sunshine of The Spotless Mind il est Joel Barish, l'Homme qui va vouloir effacer tous ses mauvais souvenirs avant de se rendre compte que les perdre serait se perdre lui-même, que ne prendre que les bons côtés de la vie revient à ne pas vivre du tout.

Dans Yes Man il est Carl Allen, l'Homme qui va apprendre à dire oui à la vie, à vivre autant qu'il est possible de vivre sans se soucier des conséquences.

   Et cette fois-ci, il est Steven Russell, l'Homme qui sait qu'on ne peut améliorer la société, l'Homme qui sait qu'il faut vivre sa vie comme on l'entends. L'Homme qui s'émancipe des règles, l'Homme qui va comprendre à quel point il est bon de profiter de la vie et de ce qu'on lui offre. Il est le menteur, le tricheur, le profiteur, l'Arnaqueur. Jim Carrey est ici le passe-muraille, l'Homme qui ne se soucie guère de ce qui n'a pas d'importance. Et ce qu'on retient de lui, c'est cette image cloturant le film, cette image de lui courant le sourire aux lèvres, s'échappant une fois de plus de la prison où il était enfermé.

 

    C'est cet aspect-là qu'il faut retenir du personnage de Jim Carrey, dans ce dernier film.C'est l'arnaqueur le sujet du film, et non l'homosexuel, comme on peut le lire un peu partout. Car si l'amour a une place importante dans I Love You Phillip Morris (c'est même le titre du film), il n'est en revanche, comme dans l'ensemble de sa filmographie qu'un moyen, une facon de faire évoluer l'histoire et de montrer les changements qui s'effectuent chez le personnage principal. Et si c'est effectivement la première fois que Jim Carrey jouait un personnage gay, il faut encore une fois le saluer pour ne pas forcer les traits. Il y a dans sa facon de jouer l'amour de Steven pour Phillip quelque chose qui fait dire qu'il est gay comme Joel Barish est hétéro, qu'il est aussi gay que tous les autres personnages ne le sont pas. Quelque chose qui fait dire que l'homosexualité est une facette de l'Homme. Et si l'amour entre Bruce Nolan et Grace Connelly est un moyen de montrer ce à quoi tient un Homme qui a Tout, alors l'amour entre Steven Russell et Phillip Morris est, lui, un moyen de montrer ce à quoi tient un Homme qui ne se soucie de Rien.

 


 

 

 

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